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Space News InNet 202




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Space News InNet numero 202                               lundi 25 mai 1998


	Sommaire

	Les efforts belges en teledetection spatiale
	-	Cap autour de la Terre pour l'imagerie spatiale
	-	Participation de la Belgique a un systeme militaire
		d'observation spatiale
	Vive le spatiopole wallon !
	La Lune sauve Asiasat
	Menaces sur la station Alpha
	Baikonour, pomme de discorde
	Les News
	C'est a lire : le Guide du Ciel 1998-1999, par Guillaume Cannat


NEW SPACE NEWS
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Les deux sites astronomiques Space News  International  et  IA  OnLine  ont
fusionne le 22 mai 1998, sous l'appellation Space News International.  Pour
les habitues de Space News, rien ne change; les usagers d'Ia OnLine retrou-
vent tous les services auxquels ils sont habitues  sur  le  site  de  Space
News, a l'adresse http://www.sat-net.com/space-news . 

Jean-Philippe Rottiers, ancien Webmaster d'IA On Line et  moi-meme  unirons
nos efforts sur Space News International afin d'encore ameliorer la qualite
et la quantite de services offerts sur le "nouveau" site.

Le site d'Ia OnLine a ferme ses portes le 22 mai 1998.

Jean Etienne


ERRATA
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Dans notre numero precedent, les montants annonces en euros  ont  souffert
d'une conversion erronee et sont a multiplier par deux.


LES EFFORTS BELGES EN TELEDETECTION SPATIALE
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Depuis le 20 juin 1979, la Belgique et la France cooperent  dans  le  cadre
d'un  "accord  intergouvernemental  relatif  a  l'execution  en  commun  de
l'observation de la Terre". Pour la Belgique,  les  Services  federaux  des
affaires scientifiques, techniques et culturelles (Sstc) sont  responsables
de la mise en oeuvre et du suivi de ce  programme  de  cooperation.  L'Etat
belge est,  par  ailleurs,  actionnaire  -  aux  cotes  d'Alcatel  Etca  et
d'Alcatel Bell -  dans  la  societe  Spot  Image  qui  exploite,  pour  les
commercialiser, les donnees et produits Spot.

Dans le segment spatial, l'investissement va atteindre les  2.354  millions
de francs qui se repartissent comme suit:

310 millions de francs pour le satellite Spot 1 (France) en 1979;

140 millions de francs pour le satellite Spot 2 (France) en 1984;

270 millions de francs pour les satellites Spot 3 et  spot  4  (France)  en
1991;

500 millions de francs pour l'instrument Vegetation 1 (Union europeenne) de
Spot 4 en 1991;

134 millions de francs pour le satellite Spot 5 (France)  en  developpement
pour un lancement qui est prevu en 2001-2002.

La  participation  belge  au  programme  Spot  a   genere   des   activites
industrielles en Belgique: Alcatel Bell (reception et demodulation pour  le
segment sol), Alcatel Etca (sous-systeme d'alimentation electrique  a  bord
et moyens de tests au sol),  Amos  (moyens  de  tests  mecaniques),  Centre
spatial de Liege (systemes d'essais optiques), Fabrisys (harnais filaires),
Sonaca (structure en materiaux composites de la case instrument  pour  Spot
5), Spacebel Informatique (logiciels  de  bord,  de  controle  au  sol,  de
simulation), Trasys Space (logiciel au sol pour le traitement des donnees).

Dans l'exploitation des systemes de teledetection spatiale, le gouvernement
belge a investi pres d'un milliard de francs  dans  les  quatre  phases  du
programme Telsat (de 1985 a l'an 2000). Soit une moyenne de 65 millions  de
francs par annee. Telsat  a  pour  objectif  d'assurer,  en  financant  des
activites de recherche et de  developpement,  l'utilisation  operationnelle
des  donnees  d'observation  de  la  Terre  par  satellites.   Ses   champs
d'applications sont economiques, scientifiques et technologiques: 30%  pour
l'etude de la foret tropicale, 22% pour l'agriculture  et  la  sylviculture
dans les regions temperees, 2 1 % pour la cartographie et l'amenagement  du
territoire, 10% pour des travaux sur les  phenomenes  marins,  6%  pour  la
prospection geologique, 6% pour le developpement de logiciels, 3%  pour  la
technologie des radars, 2%  pour  l'etude  de  l'atmosphere.  Le  programme
Telsat a permis de creer des outils de  vulgarisation  et  d'education:  le
serveur EduSpot accessible via Internet  (http://www.geo.ulg.ac.be/EduSpot)
et le CD-Rom "Telsat Demo" diffuse dans  les  ecoles  secondaires.  Environ
trente laboratoires d'universites  et  d'institutions  scientifiques  ainsi
qu'une dizaine d'entreprises privees sont concernes par  les  activites  en
cours de Telsat.

Pour la mission globale de l'instrument europeen  Vegetation,  les  donnees
seront traitees et archivees dans un  centre  gere  par  le  Vito  (Vlaamse
Instelling voor Technologisch Onderzoek) a Mol (province de Limbourg).  Les
Sstc financent pour 64 millions de  francs  un  programme  d'accompagnement
scientifique qui doit permettre le demarrage de l'exploitation des  donnees
Vegetation en Belgique.


Cap autour de la Terre pour l'imagerie spatiale

"Nous  sommes  au  bout  de  la  chaine  satellitaire  pour  realiser   des
applications sur le terrain". Par ce constat,  le  professeur  Andre  Ozer,
l'enthousiaste   responsable   du   laboratoire   de   geomorphologie    et
teledetection au departement de  Geographie  physique  de  l'universite  de
Liege,  resume  le  role  des  travaux   universitaires   en   matiere   de
teledetection spatiale.

Leur role est  de  "faire  parler",  le  plus  possible,  les  donnees  des
satellites d'observation pour  que  soient  mieux  compris  les  phenomenes
naturels et pour qu'on precise leur  impact  sur  les  activites  humaines.
"Dans le cadre du programme belge Telsat 2 et avec le soutien  de  l'Agence
spatiale europeenne, nous avons eu besoin des  observations  de  satellites
pour des projets-pilotes d'etudes geologiques dans  des  pays  en  voie  de
developpement.  Nos  projets  concernent  l'ecorce  terrestre,  le   milieu
littoral, la recherche miniere,  la  desertification,  l'archeologie.  Dans
l'Etat de l'Equateur, traverse par  la  Cordillere  des  Andes,  nous  nous
sommes interesses a la tectonique par le reperage de lineaments (structures
lineaires pouvant etre liees a des failles). Pour le port de Haiphong, dans
le nord du Vietnam, nous avons combine des images optiques  et  radar  pour
etudier le phenomene d'ensablement  des  chenaux.  En  Syrie,  le  long  de
l'Euphrate, nous avons aide les archeologues de  l'universite  a  retrouver
d'anciens sites historiques. "

Le service du professeur Ozer, en collaboration avec le Centre  spatial  de
Liege, a exploite les donnees des satellites-radar Ers pour des mesures  de
tectonique. En etablissant  par  interferometrie  un  modele  numerique  de
terrains, il s'agit de discerner des variations en altitude de  l'ordre  du
centimetre et de mettre au point une methode de prevision des  tremblements
de terre. L'objectif est de trouver des structures lineamentaires qui  sont
associees a des mouvements de l'ecorce terrestre. "Pour verifier  si  notre
technique est au point, l'ideal serait  d'avoir  un  tremblement  de  terre
entre deux prises de vues du radar de Ers. Les Chinois, pour  leurs  grands
travaux d'amenagement du territoire, portent un grand interet a ce que nous
faisons. "

Autre  activite  qui  a  amene  le   laboratoire   de   geomorphologie   et
teledetection a recourir aux satellites: l'observation  du  plan  de  houle
pour determiner l'ensablement du littoral. A l'occasion d'une rencontre  de
la  francophonie,  des  chercheurs  vietnamiens  ont  propose   une   etude
geologique destinee a l'amenagement de la baie de Haiphong  (Vietnam)  pour
ses activites portuaires. Cette etude a amene l'equipe du professeur Ozer a
collaborer avec la  societe  d'ingenierie  portuaire  Haecon  (Harbour  and
Engineering Consultants) de Gand. Haecon apporte les donnees sur le terrain
avec les mesures faites "in  situ"  par  les  bateaux.  Le  laboratoire  de
Geographie de l'universite de  Liege  lui  apporte  son  savoir-faire  pour
etudier le deplacement, dans les chenaux d'acces au port, des  bouchons  de
sediments. En arrivant a comprendre comment se produit ce  deplacement,  on
peut  determiner  la  solution  a  adopter   pour   contourner   l'obstacle
sedimentaire.

"Nous avons realise ce programme avec  les  satellites  Spot,  explique  le
professeur Ozer car les images  revelent  les  sediments.  Nous  les  avons
superposees a l'imagerie radar, prise par le satellite  canadien  Radarsat,
qui montre la rugosite de la surface. Nous avons  pu  montrer  le  long  du
littoral belge et dans l'estuaire de l'Escaut que  le  plan  de  houle  est
influence par la topographie de fond. Ainsi, au moyen de vues a  partir  de
l'espace,  nous  sommes  a  meme  d'etablir  la   morphologie   des   fonds
sous-marins. L'effet de houle trahit la presence de sediments et revele  la
topographie des bancs de sable. Notre equipe avait ete selectionnee par  la
Nasda japonaise pour utiliser l'imagerie optique d'un  instrument  a  haute
resolution a bord de son important satellite de teledetection  Adeos,  mais
malheureusement  cette  imagerie  ne  nous  est  pas  parvenue  puisque  le
satellite a connu une panne electrique le 30 juin dernier. "


Participation de la Belgique a un systeme militaire d'observation spatiale

En participant aux satellites de teledetection Spot, la Belgique  contribue
tant a la realisation qu'aux applications d'un systeme civil  d'observation
spatiale. L'Ecole royale militaire participe aux activites de recherche  du
programme Telsat; des representants de la section  Espace  de  l'Etat-Major
ont presente leurs points  de  vue  sur  la  teledetection  spatiale  a  la
conference "Telsat: 10 ans" de fevrier dernier. L'industrie belge est  deja
impliquee,  avec  Alcatel  Etca   pour   le   sous-systeme   d'alimentation
electrique,  dans  la  plate-forme  Spot   qui   est   utilisee   par   les
satellites-espions Helios que la France, l'Italie et l'Espagne  mettent  en
oeuvre et exploitent conjointement.

Dans le cadre de l'Union de l'Europe occidentale (Ueo), le ministere  belge
de la Defense se trouve associe au  fonctionnement  d'un  centre  militaire
d'interpretation des images satellitaires sur la base aerienne de  Torrejon
(Espagne). Ce centre, equipe par Matra Marconi Space,  a  d'abord  exploite
les donnees de systemes  commerciaux  de  teledetection  spatiale,  en  les
combinant aux photographies aeriennes. Le 7 juillet 1995, une fusee  Ariane
4 lancait Helios 1, presente comme "un satellite de defense  de  l'Europe".
Les premiers produits d'Helios sont mis  a  la  disposition  du  Centre  de
Torrejon depuis mai 1996. Ils permettent a l'Europe d'avoir un certain oeil
sur les zones de tensions dans le monde.

La Belgique, jusqu'a present, n'etait pas montee  en  premiere  ligne  dans
l'emploi des images satellitaires pour repondre a des besoins d'observation
pour des raisons strategiques. Le recours aux donnees de satellites-espions
est, a present, considere comme indispensable: il peut faciliter  la  tache
de ses forces annees pour des interventions a des fins humanitaires ou pour
des operations  d'ordre  militaire.  Il  est  des  regions,  au  centre  de
l'Afrique, qui ne laissent pas indifferente la diplomatie belge.

Pour combler cette lacune, quatre ministeres federaux ont decide  de  faire
alliance pour cofinancer l'utilisation, au  niveau  europeen,  de  systemes
militaires d'observation  et  de  telecommunications  par  satellites.  Les
ministres de la Defense (pour une participation financiere de 50%),  de  la
Politique  scientifique  (33%),  de  l'Economie  (15%)  et   des   Affaires
etrangeres (2%), ont obtenu, le 6 mars dernier, le feu vert du gouvernement
belge pour  entamer  des  negociations  avec  les  autorites  francaise  et
allemande sur une collaboration de la Belgique  aux  programmes  militaires
Helios 2 d'observation optique et Horus de detection radar.  Par  ailleurs,
la Belgique a l'intention d'elargir cette collaboration au Royaume-Uni pour
demarrer dans un proche avenir  la  realisation  du  systeme  militaire  de
telecommunications Eumilsatcom. Le  communique  du  Conseil  des  ministres
belges precise qu'"il s'agit d'un systeme de trois ou quatre satellites  de
communication qui pourraient etre operationnels apres 2005."

Un budget total de quelque 9,2 milliards de  francs,  sur  une  periode  de
quinze ans,  devrait  etre  alloue  a  ce  volet  militaire  des  activites
spatiales en Belgique. Dans un premier  temps,  ce  sont  250  millions  de
francs qui vont permettre l'acces aux donnees des  satellites  Helios  avec
l'implantation, a Evere (non loin du quartier-general de l'Otan),  pres  de
Bruxelles, d'un systeme de traitement numerique de l'imagerie spatiale.  Le
gouvernement belge motive sa decision de se lancer dans des  programmes  de
satellites militaires, en insistant sur les faits suivants.

"Un systeme  europeen  d'observation  spatiale  aurait  pour  objectifs  la
verification des traites de desarmement, le controle  de  la  proliferation
des armements a destruction massive et de  leurs  vecteurs  et,  enfin,  la
surveillance des risques de menaces affectant l'environnement."

La participation directe de  la  Belgique  assure  le  renforcement  et  le
developpement de l'activite industrielle et de la competence  acquise  dans
le domaine spatial "face a une competition  mondiale  toujours  plus  forte
dans ce secteur de haute technologie, l'engagement dans ces  programmes  de
l'industrie belge ne peut avoir  qu'une  action  positive  pour  l'emploi."
Parmi les firmes qui sont concernees, parce que deja  impliquees  dans  les
satellites Spot, relevons Alcatel Bell (reception et demodulation), Alcatel
Etca (alimentation electrique et moyens associes au sol), Amos  (moyens  de
support mecanique pour les tests optiques),  le  Centre  spatial  de  Liege
(essais de systemes optiques), Fabrisys (harnais filaires  et  thermiques),
Sonaca  (structure  en  composites  de  la  case  du  satellite),  Spacebel
Informatique (logiciels de systemes de bord et du segment  sol)  ainsi  que
Trasys Space (ingenierie informatique pour le  traitement  des  donnees  et
pour l'archivage des images).

Theo PIRARD


VIVE LE SPATIOPOLE WALLON !
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Depuis  plusieurs  mois,  la  Region  wallonne  planche  sur  de  nouvelles
structures visant a dynamiser les potentialites technologiques en Wallonie.
L'idee de constituer un spatiopole wallon fait son chemin  pour  encourager
des entreprises de pointe et les emplois a haute valeur  ajoutee  dans  les
produits   et   services   des   systemes   spatiaux.   Robert   Collignon,
ministre-president de la Region wallonne,  s'est  recemment  exprime  a  ce
sujet lors d'une allocation devant les participants d'un seminaire consacre
a la promotion de l'essaimage (instrument qui a pour but  de  favoriser  la
creation de nouvelles activites industrielles).

"L'esprit creatif wallon est une  realite.  Son  dynamisme  entrepreneurial
doit se confirmer. Je constate a ce titre, quotidiennement,  un  changement
de mentalite, tant dans le chef des  operateurs  publics  qu'a  l'interieur
meme de nos entreprises. Personne ici ne me  dementira  quand  je  constate
qu'il est particulierement ardu d'operationnaliser un projet de recherche.

Aussi le Centre spatial liegeois servira de base a  une  action  pilote  de
concretisation de projets d'essaimage lies a la recherche universitaire. "

Robert Collignon  devait  preciser:  "L'appel  des  nouveaux  entrepreneurs
wallons ne pouvait rester sans reponse. Cette reponse, nous la construisons
en collaboration avec le ministre  de  la  Recherche.  A  cette  fin,  nous
utiliserons des moyens existants, mais aussi des techniques de  financement
nouvelles, adaptees a ce nouveau defi.  Cette  dynamique  creera  ainsi  un
effet boule de neige, un effet d'attractivite de  capitaux  a  risque,  qui
devraient permettre la creation d'un grand spatiopole wallon. Le spatiopole
s'inscrit dans la dynamique que le bassin liegeois a su developper dans  le
domaine  spatial  et  constituera  le  ferment   de   nouvelles   activites
industrielles  dans  ce  secteur  de  pointe  en  valorisant  la  recherche
universitaire.".

Theo Pirard.


LA LUNE SAUVE ASIASAT
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Une tres etonnante operation a permis aux techniciens de  la  firme  Hughes
d'esperer rendre quelque temps exploitable celui de leurs satellites HS 601
HP qui aurait du devenir Asiasat 3. La Lune  l'a  replace  sur  une  orbite
rendant concevable son utilisation alors qu'apres le mauvais fonctionnement
de son lanceur, on l'avait cru perdu.

Rappelons d'abord les faits.

Ce gros satellite de communication - qui aurait du aller se caler en orbite
geostationnaire par 105,5 deg E afin de desservir l'Australie et une grande
partie de l'Asie - avait ete confie a une fusee Proton K. Le tir  eut  lieu
de Baikonour le 24 decembre a 23 h 12 TU, mais l'etage superieur - un Block
DM3 allume 6 h 18 min plus tard, lors d'un franchissement de  l'equateur  a
quelque 36.000 km de la Terre - fonctionna pendant 1 s  seulement  au  lieu
des 110 prevues; il est presume avoir explose. Ainsi le satellite se trouva
abandonne sur une orbite 203/36.008 km inclinee a 51,37 deg.

Gagner l'orbite geostationnaire par ses propres moyens etait impensable. Il
aurait fallu creer une impulsion de 2,42 km/s dans une direction faisant 31
deg avec le plan equatorial pour qu'elle se  compose  avec  la  vitesse  du
satellite : 1,59 km/s, avec une inclinaison de 51,37 deg en sens contraire.
La resultante aurait  eu  la  valeur  de  3,04  km/s  necessaire  pour  une
injection sur une orbite circulaire equatoriale decrite en 24 heures. Or, a
bord du satellite, d'une masse de 2.534 kg, se trouvaient seulement 860  kg
de propergols, capables de creer 1,2 km/s.

Mais les Americains se sont souvenus d'une lecon autrefois donnee  par  Ary
Sternfeld : ce prophete de l'astronautique avait souligne qu'une torsion de
trajectoire est plus economique  quand  elle  a  lieu  a  une  plus  grande
distance : la vitesse du satellite etant moindre, une impulsion plus petite
est en effet necessaire. Les Russes  en  avaient  deja  tenu  compte.  Nous
avions, dans ces colonnes, developpe le calcul les ayant  conduits,  depuis
Baikonour, a conferer un apogee de 39.000 km a l'orbite de  transfert  d'un
satellite de communication promis a gagner l'orbite geostationnaire.  C'est
energetiquement un peu plus couteux que si l'on vise  36.000  km;  mais,  a
39.000 km, la torsion de trajectoire est nettement plus economique de sorte
que le bilan est positif meme en integrant l'obligation, une fois  dans  le
plan equatorial, de revenir a 36.000 km.

Remplacez en pensee cet apogee a 39.000 km par une escapade au-dela  de  la
Lune avec appel a la gravitation de celle-ci pour obtenir une torsion de la
trajectoire au meilleur compte,  et  vous  aurez  compris  le  sens  de  la
manoeuvre.

Devenu proprietaire du satellite apres dedommagement  de  l'Asia  Satellite
Telecommunications Co Ltd de Hong Kong, Hughes s'est employee a  elever  de
36.008 km a 321.000 km l'apogee de cet Asiasat 3 rebaptise HGS-1 (HGS  pour
Hughes Global Service). Cela a  demande  657  m/s  qui,  pour  assurer  une
precision maximale avec la faible poussee du moteur, ont ete scindes en  11
impulsions d'environ 60 m/s chacune lors d'autant de passages du  satellite
par son perigee:  des  passages  de  plus  en  plus  espaces  puisque  avec
l'elevation de l'apogee, la duree de la revolution augmentait. De ce  fait,
la manoeuvre s'etendit sur 12 jours, la derniere impulsion - commandee le 8
mai - ne s'etant pas  contentee  d'envoyer  HGS-1  a32  1.000  km  dans  la
direction de la Lune: celle-ci se fit de plus en  plus  attractive  jusqu'a
enclencher une reaction de gravitation qui a dure 9 jours.

Le deroulement des evenements a ce stade sera compris si l'on se place dans
un referentiel selene. HGS-1 aborda la Lune avec une vitesse V,  resultante
de sa vitesse propre et de l'oppose de la vitesse de la Lune par rapport  a
la Terre (environ 1 km/s). Dans le domaine lunaire, abstraction  faite  des
corrections  de  trajectoire,  HGS-1  a  decrit  un  arc  d'hyperbole  pour
ressortir de ce domaine avec une vitesse V  de  meme  module  que  V,  mais
orientee differemment. HGS-1 s'est enfin trouve reinjecte dans  le  domaine
terrestre anime d'une vitesse determinee en composant avec la vitesse de la
Lune par rapport a la Terre. Cette reinjection eut pour consequence  de  le
placer sur une orbite peu inclinee sur l'equateur avec un perigee a quelque
40.000 km, une orbite que les techniciens de Hughes ont prevu de  modeliser
tres finement avant une nouvelle serie de manoeuvres pour assigner  a  leur
satellite une orbite quasi geosynchrone, de sorte que  nous  avons  eu  une
tres jolie operation.

En outre, une demonstration a ete donnee. Nous evoquions naguere la formule
retenue par les Japonais pour qu'en utilisant la Lune, une sonde lancee  de
la Terre atteigne Mars plus surement et plus  economiquement.  Nous  venons
d'avoir une preuve de l'interet de recourir a la Lune  si  l'on  veut  tout
bonnement gagner l'orbite geostationnaire. On  en  conclut  que,  pour  des
fusees lancees  de  Baikonour  -  naguere  capables  de  mettre  en  orbite
geostationnaire une charge 2 a 3  fois  moins  importante  que  des  fusees
lancees depuis Kourou pour lesquelles aucune torsion de  trajectoire  n'est
exigee -, ce handicap disparait en partie si l'on recourt  a  la  Lune.  Ce
n'est concevable qu'a certaines epoques et au prix d'une subtile  poursuite
hier interdite aux Russes par les faiblesses de leur electronique. Le  fait
qu'une entreprise de cette nature soit devenue possible ouvre de  nouvelles
perspectives, valorisant le site kazakhe.

Albert Ducrocq, Air & Cosmos


MENACES SUR LA STATION ALPHA
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Le rapport sur la situation du programme de station orbitale internationale
a ete remis par Jay Chabrow le 21 avril. Il estime que le budget n'est  pas
adequat et qu'il faudrait ajouter 130 a 250 M$ (780 MF a 1,5  MdF)  par  an
pour assembler la station. Cette phase d'assemblage,  qui  avait  deja  ete
reportee de juin 2002 a decembre 2003, devrait par ailleurs etre a  nouveau
retardee d'un a trois ans. Ainsi, la station pourrait n'etre achevee  qu'en
2006, son cout total passant de 17,4 Md$ a 24,7 Md$ (104  a  148  MdF).  En
effet, le financement recommande atteint 19,8 Md$ en 2002 (soit 2,4 Md$  de
depassement sur l'objectif initial), auxquels s'ajoutent 4,87 Md$ pour  les
trois annees supplementaires. Le  probleme  principal  reside  actuellement
dans la livraison du module de service (SM) russe qui  serait  retardee  de
quatre mois (en plus des huit mois deja pris  en  compte)  en  raison  d'un
manque de financement (il manque 45 M$ du budget 1997 dont la moitie devait
etre versee en avril  et  l'autre  moitie,  en  mal).  Par  ailleurs,  l'US
Laboratory est egalement tres en retard sur les previsions.


BAIKONOUR, POMME DE DISCORDE
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On pensait le probleme de Baikonour, en particulier celui de la location du
cosmodrome, regle et voila qu'on apprend qu'il n'en est rien !

Et, pourtant, les accords sur la location, sur le statut  de  la  ville  de
Baikonour (ex-Leninsk), ont bel et bien ete signes en mars 1994,  prevoyant
un prix de location annuel de 115 M$ (compromis entre les 150  M$  demandes
par les Kazakhs et les 80 M$ proposes par les Russes). La Douma  les  ayant
meme ratifies.

Mais, a l'evidence, ces accords ne sont pas appliques et, du  cote  kazakh,
le mecontentement, mais aussi les encheres montent. Or le temps presse, car
en juillet prochain, le president Boris Eltsine doit  effectuer  un  voyage
officiel au Kazakhstan et signer avec son homologue Noursoultan  Nazarbaiev
une  serie  d'accords  concernant  le  partage  des  fonds  de  la   partie
septentrionale de la mer Caspienne pour l'exploitation des hydrocarbures.

Or il semble que les Russes n'aient pas verse, a ce jour "un  seul  kopek",
d'ou le refus des parlementaires  kazakhs  de  ratifier  les  accords.  Non
seulement presque rien n'a ete fait, mais fi reste de plus en plus a faire.
Car  les  Kazakhs  exigent  davantage  d'indemnites  pour  les  dommages  a
l'environnement subis  dans  la  region  de  Karaganda  par  contaminations
chimiques provoquees par les premiers etages  de  fusees  qui  y  retombent
depuis plus de 30 ans. Sans parler des problemes inextricables d'evaluation
des equipements du cosmodrome, des couts de maintenance  et  des  questions
douanieres. Par ailleurs, comme il avait ete admis qu'il n'y aurait pas  de
droits de douane pour les equipements destines a  Baikonour,  des  societes
n'ayant rien a voir avec le spatial se sont engouffrees dans  cette  breche
juteuse pour s'enrichir par un trafic illicite.

Bref, l'embrouillamini ne fait qu'augmenter, alors que les  Kazakhs  voient
les tirs commerciaux se succeder sur leur territoire sans  qu'aucun  dollar
ne tombe dans leurs caisses. De ces retombees-la, ils voudraient  aussi  en
avoir.

Serge BERG


LES NEWS
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International

La premiere assemblee generale des actionnaires de la  societe  commerciale
New Skies formee par Intelsat se tiendra a la mi-mai.

Etats-Unis

Hughes va augmenter sa participation dans Panamsat pour un montant  de  846
M$. Elle passera ainsi de 71,5 a 81 %.

Europe

Eutelsat  utilise  le  faisceau  orientable  de   Hot   Bird-3   pour   une
demonstration de television numerique et multimedia en Afrique du Sud.

Les Etats-membres d'Inmarsat ont  accepte  les  amendements  autorisant  la
division de  l'organisation  en  une  societe  a  interets  prives  et  une
structure intergouvernementale.

L'ESA et le CERN vont creer des groupes de travail charges d'etudier et  de
proposer des activites communes qui pourraient etre regulierement conduites
par les deux organisations.

Le prochain lancement d'Ariane 4 avec le  satellite  de  telecommunications
Eutelsat-3F1 n'interviendrait pas avant la mi-juillet.

Algerie

Le premier satellite algerien  destine  a  l'etude  du  desert  et  de  son
irrigation devrait etre lance en 2002.

Allemagne

La capsule Mikroba developpee par OHB System et Kayser-Threde a ete  livree
a la Chine pour un vol en juin.

Des liaisons directes ont ete etablies avec la station orbitale Mir par  le
centre GSOC de la DLR a Oberpfaffenhofen.

Russie

Le cosmodrome de Svobodny ne devrait pas etre utilise  cette  annee  compte
tenu du report des lancements des satellites Early Bird-2 et Odin en 1999.

Ukraine

Apres avoir fait voler  Leonid  Kadeniouk  a  bord  du  Shuttle,  l'Ukraine
pourrait fournir un module pour la station orbitale internationale Alpha.

Afrique

Le projet de satellite de telecommunications  de  l'organisation  africaine
RASCOM pourrait etre reoriente vers la telephonie rurale. Worldspace  signe
deux accords de radiodiffusion par satellite avec des medias du Liberia  et
d'Ouganda.

Singapour

Singapore Telecommunications Ltd se retire du projet de satellite geomobile
APMT qui doit etre lance en 2000.


C'EST A LIRE
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L'excellent Guide du Ciel de Guillaume Cannat est paru.

La parution du Guide du Ciel de Guillaume Cannat est un peu l'evenement de
l'annee pour tous les astronomes amateurs francophones. Son edition 1998 -
1999 est particulierement riche en idees nouvelles  enterrant  un  prejuge
selon lequel un recueil d'ephemerides ne serait  qu'une  suite  longue  et
ennuyeuse de dates, d'heures et de mentions destinees  aux  seuls  specia-
listes. Le Guide du Ciel se lit, au  choix,  comme  un  roman,  comme  une
encyclopedie ou comme un ouvrage de reference. Il peut devenir votre livre
de chevet, meme si vous n'etes pas observateur.

Bref : un INDISPENSABLE, largement recommande par Space News.

Le Guide du Ciel 1998-1999, Nathan, 304 pages, 17 x 24 cm.
Nombreux tableaux, plus de 160 cartes du ciel, shemas et diagrammes.
450 instruments decrits et compares, des jumelles aux telescopes.
890 FB (prix en Belgique).


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